Le brodeur de Pont-l'Abbé

Publié le par Phypa

Le brodeur de Pont-l'Abbé
Alors que je viens de publier sur le site des vendredis intellos un commentaire sur un très bel article de Nancy Huston sur la place que nous donnons au désir sexuel envahissant des jeunes hommes en devenir, et que je me demande comment accompagner nos ados vers le sens de leur vie , ce qui seul pourra les émanciper du sexe addictif auquel les sirènes du marché les enchaîneraient volontiers pour mieux les plumer.
Comme l'écrit Nancy Huston :
"Liberté sexuelle ? Tout juste le contraire. L’Eglise stigmatisait la sexualité, parlait de parties honteuses ; la pornographie massivement consommée jour après jour est liée aux mêmes opprobres, hontes et interdits. Elle est un monde de pure contrainte. Liberté d’expression ? Loin de là. Qui s’exprime et qu’est-ce qui s’exprime là-dedans ? La seule chose libre dans la pornographie, comme dans les McDo, ou les poulaillers sans fenêtres, ou les maïs transgéniques, c’est le marché."
Dans ce livre de Colette Vlérick, très bien documenté sur la Bretagne et son histoire, le héros, un jeune homme sensible est bien en quête d'amour et de sens.

On y découvre à la fois les usages d'un coin de Bretagne du début du XXe siècle, et notamment les relations entre hommes et femmes :
"On se tutoyait entre hommes , à Pont-l'Abbé. Aux femmes on disait "vous". Entre elles aussi, elles utilisaient le "vous", y compris pour s'insulter, quand le besoin s'en faisait sentir. Aux hommes elles disaient "tu", quel que soit leur âge. Ainsi se marquait le différence de sexe, et non la différence de richesse ou de statut social. On vouvoyait les petites filles, on tutoyait les petits garçons. Et ainsi faisaient entre eux les enfants. Parmi les hommes, on réservait le "vous" au curé, ainsi qu'au maire."
 
Et en effet tout au long du livre la place des femmes et le respect qu'on leur doit est omniprésent.
 
Et c'est à la faveur d'une rencontre fortuite que le destin de Yann Toulemont, notre brodeur va se sceller :
"Marchant les yeux baissés, il faillit bousculer quelqu'un qu'il ne s'attendait pas à voir là. Abritée du soleil par un grand chapeau de paille à ruban bleu-vert, devant un chevalet, une toute jeune fille peignait. Quel âge puvait-elle avoir ? Quatorze ans ? Quinze ans ? Yann n'aurait su le dire mais, en revanche, il reçut en plein visage l'éclat de ses yeux, bleus comme les bleuets. Quelques boucles rousses s'échappaient de son chapeau, brillant dans la lumière comme de l'or cuivré. Muet de saisissement, il ne sut que s'esquiver au plus vite, sans même la saluer, emportant une image extraordinaire, celle d'une jeune fille habillée en "giz ker" qui peignait une jeune bigoudène en costume de fête"
Sa vocation de brodeur était née : lui aussi allait peindre, mais avec des fils et des aiguilles, puisqu'il est fils de tailleur.

Cette histoire a un peu des allures de conte de fées, bien qu'il n'y ait ni Morgane, ni Mélusine, ni même le moindre Korrigan.
J'ai été très émue par l'immense sensibilité de ce personnage, par la tendresse, la gentillesse de plusieurs protagonistes attachants, dont les parents, et les frère et soeurs de Yann.
Et très subjectivement, j'ai trouvé dans ce livre un prolongement de mes impressions de vacances ( voir mon album " Bretagne" ;-) )

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É
Bonsoir Pascale. Tu me donnes envie de découvrir ce livre car j'aime moi aussi la Bretagne. Bisous
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