Paternité, le droit des hommes
Il y a quelques temps, je suis tombée sur une interview de Mary Plard dans l'émission "savoir plus santé", à propos de son livre "Paternités imposées, un sujet tabou".
Voici ce que dit la 4e de couverture.
"Voici un livre qui va faire grand bruit. Féministe, avocate renommée, Mary Plard dénonce la paternité imposée aux hommes au nom du principe d'égalité homme/femme. Pourquoi les hommes devraient-ils assumer une paternité imposée alors que les femmes bénéficient de la possibilité de ne pas devenir mère (accouchement sous X, IVG) ?
A travers des témoignages bouleversants de ses clients masculins qui expriment à la fois leur souffrance, leur culpabilité ou leur désarroi, Mary Plard rompt le silence sur un sujet tabou de notre société."
On trouvera ici une interview de Mary Plard.
Si la contraception et l'IVG protègent les femmes d'une grossesse non désirée, l'homme n'a aucune possibilité "d'interruption filiative".
Et à ces questions des hommes dans cette situation :
- Quels droits ai-je sur l’enfant in utero ?
- Ai-je le droit de savoir si je suis bien le père avant l’accouchement ?
- Quels seront mes droits après la naissance ?
- Dois-je le reconnaître ?
il n'y a pas de réponse juridique.
Notre législation a l'air d'être un mille feuille auquel se sont ajoutés de multiples strates , sans qu'on se soit vraiment préoccupé de cohérence.
En parallèle de ça, des pères qui ne parviennent plus à voir leur enfant manifestent en ce moment, tels ces hommes qui se sont retranchés en haut d'un grue.
En effet en cas de séparation la garde des enfants est très souvent confiée à la mère, et nombreux sont les pères qui n'ont concrêtement plus la possiblité de voir leurs enfants.
Dans les deux cas, il semble qu'on considère que le choix d'avoir ou non un enfant, les soins à donner aux enfants sont exclusivement l'affaire des femmes.
Comment ces préjugés se sont-ils installés ?
En effet, j'ai lu récemment qu'au Moyen Age le rôle d'un père affectueux auprès des enfants était important et reconnu. C'est le sujet dont j'ai choisi de parler sur les vendredis intellos cette semaine.
Quelle place pour l'homme dans le désir ou le non désir d'enfant ? Dans l'éducation des enfants ?
Dans l'interview que j'avais vue de Mary Plard, elle disait que dès la puberté, les jeunes filles sont informées que toute relation sexuelle peut potentiellement déboucher sur une grossesse. Elles sont en général au courant du fonctionnement de leur corps ?
Mais quelle information reçoivent aujourd'hui les garçons ?
Cela ne va pas être facile de libérer nos enfants de tous ces préjugés de genre.
A noter que dans le document très fourni coétabli par l'OMS et le BZgA ( Centre fédéral pour l'éducation à la santé de Cologne) téléchargeable ici , est définie la notion de "droit sexuel" :
"embrace human rights that are already recognized in national laws, international human rights documents and other consensus statements. They include the right of all persons, free of coercion, discrimination and violence, to:
the highest attainable standard of sexual health, including access to sexual and reproductive health care services;
seek, receive and impart information related to sexuality;
sexuality education;
respect for bodily integrity;
choose their partner;
decide to be sexually active or not;
consensual sexual relations;
consensual marriage;
decide whether or not, and when, to have children; and
pursue a satisfying, safe and pleasurable sexual life."
traduction libre :
"comprend les droits humains qui sont déjà reconnus dans les lois nationales et internationales et autre accord. Ils incluent le droit pour toutes les personnes, libre de toute contrainte, discrimination et violence :
- à la meilleure "santé sexuelle " possible, incluant l'accès à des services tels que centre médicaux ou planning familial
- à la meilleure "santé sexuelle " possible, incluant l'accès à des services tels que centre médicaux ou planning familial
- de chercher, recevoir , transmettre toute information relative à la sexualité
- à une éducation sexuelle
- au respect de l'intégrité physique
- de choisir ses partenaires
- de décider d'être sexuellement actif ou pas
- à des relations sexuelles consensuelles
- à un mariage consensuel
- de décider ou pas et quand d'avoir des enfants
- de poursuivre une vie sexuelle satisfaisante agréable et sécure"
Mais avant que ces principes soient universellement appliqués dans les faits, il y a certainement une réflexion de société à avoir sur la place des hommes dans le choix d'avoir des enfants et dans leur éducation.