Adoption et mariage homosexuel
Je réagis à un article d'Olympe intitulé "tous égaux" .
Voici ce que nous dit Olympe :
"Concernant l'adoption, il me semble qu'un enfant a besoin de parents
- qui subviennent à ses besoins
- qui lui offrent un cadre de vie sécurisé et sécurisant
- qui l'aiment inconditionnellement
- qui l'aident à découvrir et décrypter le monde
- qui lui proposent un système de valeurs
je ne vois pas en quoi des parents homosexuels ne pourraient pas y répondre.
Et je trouve qu'il y a beaucoup d'hypocrisie à essayer de faire croire que les enfants ont absolument besoin pour leur équilibre "d'un papa et d'une maman" alors qu'une famille sur 5 est aujourd'hui monoparentale et qu'1/3 de ces familles sont pauvres contre 11% pour les familles avec 2 parents."
D'un coté je partage le point de vue d'Olympe : ce n'est pas la sexualité des parents qui est la plus déterminante dans la satisfaction du besoin élémentaire d'un enfant qui est de grandir dans une famille aimante.
D'un autre coté, je crois que dans l'article du Journal Le Monde intitulé : "Mariage Gay : Mr Baudis s'inquiète des lacunes préjudiciables aux enfants" sont posées quelques bonnes questions auxquelles la loi ne répond pas.
"Pourtant, selon le Défenseur des droits, l'adoption par des couples homosexuels pose des problèmes spécifiques.
Par exemple, sur quelle base les conseils généraux qui délivrent les agréments ou les juges qui valident les procédures choisiront-ils un couple homosexuel ou hétérosexuel comme famille d'accueil pour un enfant ?
"Peut-on renvoyer cette question aux pratiques très diverses et parfois contradictoires des conseils généraux et de leurs conseils de famille ?", a-t-il interrogé. Selon lui, le sujet "ne peut pas être renvoyé à une simple modification des référentiels techniques", car il "conditionne la mise en oeuvre effective d'un droit ouvert par le projet"."
Les conditions de délivrance des agréments sont déjà très divers selon le département : certains départements écartent systématiquement les parents célibataires, d'autres sont totalement hostiles à l'adoption de fratries.
Dans quelles conditions et selon quels critères pourra être délivré un agrément à un couple homosexuel ?
Car selon Jean - Vital de Monléon et d'autres spécialistes de l'adoption, des parents homosexuels est un facteur de risque pour l'enfant .
Mais qu'il y ait risques ne signifie pas qu'il faut interdire, ou ignorer le risque.
Ce qui est important, ce n'est pas le risque, c'est la façon dont on y fait face.
Et c'est dailleurs certainement ce qui fait le la "substantifique moelle" d'une bonne préparation à l'adoption : évaluer avec la famille sa conscience des risques, sa préparation à y faire face.
Il faut être aussi conscient que sous le prétexte de l'intérêt de l'enfant, les adoptions internationales sont de plus en plus difficiles : voir cet article du Journal Le Monde "La grande crise de l'adoption à l'étranger",
"En 2005, quelque 4 000 enfants de toutes nationalités étaient adoptés par des Français. En 2012, ils devraient être
1 500, selon les projections du ministère des affaires étrangères (pour, en moyenne, 600 enfants français). Tous les pays d'accueil sont touchés dans les mêmes proportions (- 60 % aux Etats-Unis). La tendance devrait se poursuivre."
1 500, selon les projections du ministère des affaires étrangères (pour, en moyenne, 600 enfants français). Tous les pays d'accueil sont touchés dans les mêmes proportions (- 60 % aux Etats-Unis). La tendance devrait se poursuivre."
et dans le même numéro (du 14 octobre 2012), "les associations craignent une désillusion des couples homosexuels"
"La concurrence entre les familles d'accueil fait rage. Déjà, les célibataires passent derrière les couples mariés et ont énormément de difficultés. Les adoptions les plus complexes (enfants âgés, malades, fratries), pour lesquelles il y a moins de candidats, leur sont proposées. Certains pays sont complètement fermés aux hommes ou aux femmes seuls.
Les couples homosexuels devront faire face à une difficulté supplémentaire : l'homosexualité est réprimée dans quelque 80 pays. Très rares sont ceux qui acceptent les candidatures de couples homosexuels : seuls le Brésil et l'Afrique du Sud y sont ouverts."
L'avis du la représentante du Conseil National des adoptés, qui regroupe plusieurs associations d'adoptés françaises est le suivant :
"Pour Mme Charbonnier, l'adoption par des couples de même sexe n'est pas en soi problématique. " Simplement, le couple doit se poser les bonnes questions et être bien accompagné avant et après l'adoption.
L'adopté a une construction identitaire différente des autres enfants, poursuit-elle. Dans notre phase l'interrogation sur nos origines, nous fantasmons une figure génitrice féminine et une figure génitrice masculine. Cela doit être pris en compte. ""
Du point de vue des enfants encore, personne ne parle jamais des enfants qui n'ont pas été adoptés.
Quelle est la situation des enfants adandonnés dans le monde ?
Que deviennent-ils lorsqu'ils ont perdu toute relation avec leur famille d'origine ?
Je n'ai pas trouvé d'étude là-dessus, il y a bien le rapport annuel de la situation des enfants dans le monde de l'unicef , mais l'angle de vue change chaque année.
C'est vrai que lorsqu'on considère la situation décrite, dans l'article sur les enfants des rues du site droitsenfant.com, nos histoire de qui convient pour élever un enfant ou pas font un peu figure de délires d'occidentaux repus.
Gardons aussi cependant à l'esprit que l'adoption n'est pas forcément la meilleure solution pour un enfant abandonné.
voir aussi quelques reportages sur les orphelinats bulgare, que l'état bulgare a l'intention de fermer.
et enfin le témoignage d'une personne ayant grandi dans un orphelinat russe (le courier de russie, juin 2012)
On voit que pour un enfant, dans tous les cas, être adopté, c'est mieux que de rester à l'abandon.
Quelle politique des états pour le réel intérêt supérieur de l'enfant ? J'avoue que je ne suis pas toujours convaincue. Je ressens plutôt un raidissement des relations internationales, sur fond de poussées nationalistes en temps de crise, dans beaucoup de régions du monde.
Sur le fond, la convention de La Haye est bien sûr une bonne chose, mais sur la mise en oeuvre concrête, pour l'instant , je doute un peu.
Alors avec tout ça, pour ou contre l'adoption par un couple homosexuel, je crois que c'est un peu un faux débat.
Oui ,c'est vrai, des parents homo pour un enfant adopté , c'est un risque supplémentaire.
Mais chaque histoire est singulière, et il arrive que des êtres qui n'auraient jamais dû se rencontrer vivent heureux ensemble, se construisent mutuellement.
Le risque fait partie de la vie.
Le débat serait plutôt, à avoir sur ce qui fait le lien nécessaire à la construction d'une personne, et comment l'apporter à un enfant. Et là-dessus l'incontournable approche psychanalytique française, n'est pas non plus convaincante. Elle ne fait qu'entérriner les stéréotypes de genre de notre culture.
Je ne suis pas sûre que la situation d'un enfant né d'un don d'ovule et/ou de spermatozoïdes soit plus simple : après tout c'est une adoption qui n'est pas formulée.
Il est souvent plus sain de regarder le risque en face et d'inventer la vie qui va avec.